Boudreaux Reads the Dao
par R. Paul Cooper

BOUDREAUX READS THE DAO

par R. Paul Cooper



1.

'Garde–

Le bayou duquel tu peux parler,

c'est pas le Bayou, ça.

Si le bayou porte un nom,

c'est pas le Bayou, non.


Ouais, le Bayou sans nom,

ça, c'est la limite entre

la Terre et le Ciel ;

C'est pas un Bayou ordinaire, ça !


'Garde –

Le bougre qui a l'envie de manger le gombo,

il va voir les visions de gombo à tout partout ;

mais celui qui peut oublier son envie de manger le gombo,

il va manger le gombo tous les jours, lui.


Tous les mystères icitte

arrivent de la même source,

ayoù reste ta grand-mère

en parlant le français

que tu peux jamais te souvenir.

Si tu pourrais te souvenir de ça,

tu connais de tout, toi.


2.

Hé, là-bas !

Le roux brûlé,

et le roux brun,

sont les mêmes choses;

dans nos espoirs vivent

les rougaroux de nos peurs.


Qui veut dire ça, que le roux

brûlé et brun sont les mêmes choses ?

Si ton roux, c'est pas parfait,

il te faut remuer pour pas brûler,

mais si ton roux c'est de brun parfait,

tu ne peux que le brûler, désolé ;

T'inquiè te pas de la couleur de ton roux,

et pense à ta grand-mère au lieu.


Et qui veut dire ça, un rougarou

de peur qui vit dans nos espoirs ?

L'espoir et la peur créent les rougaroux, c'est vrai,

car les deux viennent des pensées du soi, lui-même.

Si tu vois pas le soi comme le soi,

tu vas pas 'voir la peur des rougaroux, toi.


Vois le monde comme toi-même,

avec les manières du monde, prends foi,

aime le monde aussi comme toi-même,

et remue ton roux 'vec une bière bien froide.


3.

'Garde–

Quand le Bon Bougre écoute le Bayou,

il va monter sa pirogue toute suite, lui ;

mais tout le monde normal, ils vont

placer l'un pied dans la pirogue-là,

mais ils flottent pas sus le Bayou, eusse.


Et le couillon ? Mais-là !

Il va rire et rire comme si

le Bayou c'était de grande bêtise ;

Il a bien raison, le couillon, lui.


Ça, c'est dit:

Le Bayou passe à travers le marais caressé par soleil,

mais semble aussi ténébreux que le marécage enveloppé de cipre.

Quelquefois, le courant du Bayou, ça semble comme s'il

va les deux directions en même temps, au Canada et à la mer.

Les meilleurs bougres semblent comme les pires pauvre-bêtes.

Les gens beaucoup purs et sacrés portent les habits grossiers et sales.

Les pensées profondes semblent aussi peu profondes que Lac Pontchartrain.

Les meilleures pirogues sont jamais fini à sculpter,

les meilleures seines attrapent jamais les poissons,

et la sagesse, ça, c'est pour les 'tits-enfants, ça.


Le Bayou-là, il existe pas, encore,

tout le monde existerait pas sans le Bayou.


4.

Dans la cuisine de ta grand-mère,

tu peux apprendre sur le monde entier ;

si tu restes toute ta vie

dans la paroisse ayoù elle restait,

tu pourrais connaître l'entier du Bayou-là, ouais!



Aie pas l'envie du lagniappe,

et tu vas prendre 'tit-brin extra. Le Bon Bougre,

il vient sans partir,

'garde donc sans voir,

et fait tout sans le faire.


5.

Les vrais mots sont pas tchinque-tchinques,

et les mots tchinque-tchinques sont pas vrais.

Les couillons querellaillent,

mais le Bon Bougre connaît

que Ville Platte vaut Vieux Carré.


Le Bon Bougre, il tient pas les choses.

Il donne toujours les choses aux autres,

et comme ça, il a toujours plus à donner ;

À lui, les choses valent pas même une piasse,

et comme ça, il a beaucoup de biens et d'argent.


Si tu voudrais flotter sus le Bayou,

mais, aide les autres, les blesse pas ;

Le Bon Bougre, lui,

il va donner un coup de main.